L’OGEFREM mise sur Kasumbalesa

Après le parc à bois au port de Matadi et le parc à automobiles à celui de Boma, cap sur le Katanga, à la frontière avec la Zambie. Un port sec sera construit au poste douanier afin d’accroître les recettes.

 

Le patrimoine immobilier de l’Office de gestion du fret multimodal (OGEFREM) est actuellement évalué à plus de 90 millions de dollars. Selon son directeur général, Anatole Kikwa Mwata Mukambu, il va s’accroître davantage, cette année, avec la construction, à court terme, d’un port sec au poste frontalier de Kasumbalesa dans la province du Haut-Katanga. À en croire Anatole Kikwa, c’est le plus important projet depuis la création de cet office en 1980. Le port sec de Kasumbalesa est le deuxième ouvrage d’envergure de l’OGEFREM dans cette province, après la construction du bâtiment administratif de la direction provinciale qui a coûté plus de 3 millions de dollars. C’est aussi le deuxième du genre, après le parc automobile aménagé par cet office au port de Boma. Anatole Kikwa s’est engagé à poursuivre, en 2016, la politique d’accroissement de biens immobiliers de cet établissement public mise en œuvre en 2015.

Cette politique consiste à financer, sur fonds propres, la réalisation d’infrastructures, en dépit de la conjoncture économique internationale caractérisée par la baisse des cours des matières premières. Outre le projet de Kasumbalesa, l’OGEFREM s’apprête à lancer les travaux de construction du bâtiment administratif de la direction provinciale du Sud-Kivu à Bukavu. Le montage financier est déjà paqueté à 60 % du coût de l’investissement estimé à 2,5 millions de dollars. La capitale du Sud-Kivu est appelée à devenir l’un des principaux ports de fret gérés par l’OGEFREM pour la partie sud-est du pays. C’est l’entreprise chinoise SZTC qui a été choisie pour l’exécution des travaux. Cette année, l’OGEFREM signera des accords notamment avec l’autorité des ports du Mozambique pour la canalisation du fret à destination de la République démocratique du Congo. Et il va acquérir deux bacs pour assurer la traversée à partir de la province du Maniema.

Par ailleurs, l’OGEFREM s’est doté d’une nouvelle autogrue destinée au désengorgement du port de Matadi, dans la province du Kongo-Central. D’autre part, l’OGEFREM mise sur Lufu Ntoto, en raison d’importants échanges commerciaux entre l’Angola et la République démocratique du Congo, afin de renflouer les caisses de l’office. Il y sera construit un bâtiment administratif.

Remise en question

Cependant, la gestion de cet office suscite des critiques. C’est le professeur d’économie, Michel Somwe, qui s’interroge sur l’apport de l’OGEFREM au budget de l’Étvat. Voilà pratiquement quatre ans que la Fédération des entreprises du Congo (FEC) demande à l’État de rétablir l’OGEFREM dans ses missions d’avant la réforme de 2009. Le gouvernement  s’est engagé à étudier l’amendement proposé par la FEC sur le décret du 3 décembre 2009, portant statuts de l’OGEFREM. Le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, s’était exprimé dans ce sens, en août 2012, lors d’une séance de travail entre son cabinet et le patronat congolais. Avant la réforme de 2009, l’OGEFREM avait uniquement la mission de gérer le fret maritime. Or, actuellement, ses compétences se sont étendues à tous les modes de transport. Conséquence : il prélève des fonds sur les autres modes de transport sans contrepartie. Pour la FEC, cela constitue un « interventionnisme préjudiciable pour les entreprises et pour l’économie».

Avant le changement du statut légal, en décembre 2009, les redevances et les autres frais payés par les opérateurs économiques, en rémunération des  services rendus à l’exportation des minerais à la Direction générale des douanes et accises (DGDA) à travers le Guichet unique de Matadi, étaient répartis ainsi : Office national des transports (ONATRA), 13 % ; OGEFREM, 8 % ; Inspection de la gestion forestière (IGF), 8 % ; Office congolais de contrôle (OCC), 26 % ; Office des douanes et accises (OFIDA), 40 %. À condition que l’exportation se fasse par voie maritime, donc, via les ports de Matadi et de Boma. Détourner les produits miniers du port de Matadi entraînerait un manque à gagner pour l’OGEFREM qui ne recevrait que 1 %, tandis que la Société commerciale des transports et ports (SCTP) ne gagnerait rien. En ce qui concerne le bois, la FEC voudrait notamment obtenir du gouvernement l’annulation de l’abonnement annuel de l’OGEFREM ainsi que celle de la  commission à l’exportation.