Kinshasa : des communautés locales peu résilientes face aux catastrophes

Le retour de la dame pluie réveille déjà la peur des inondations dans des quartiers de la ville. Certains habitants prennent des précautions.

La plupart des habitations à Kinshasa se retrouvent inondées pendant les périodes pluvieuses. (Photo Okapi)
La plupart des habitations à Kinshasa se retrouvent inondées pendant les périodes pluvieuses. (Photo Okapi)

Avec un retard d’un jour, la traditionnelle pluie, qui consacre la fin de la saison sèche et annonce les temps pluvieux, s’est abattue, tôt le matin du 16 août, sur plusieurs contrées de l’Ouest du pays, dont la ville de Kinshasa. Ce même jour, une délégation des habitants des rues Milundu I et Milundu II, au quartier Mapela, dans la commune de Masina, a présenté, aux autorités de cette municipalité, un plan d’action visant à développer des mécanismes susceptibles d’atténuer les risques liés aux catastrophes naturelles, notamment les inondations. Cycliques dans cette partie de la capitale congolaise, c’est-à-dire au cours des mois d’octobre et mars, les débordements des eaux provoquent une situation désastreuse dans ce site. Situées sur la rive droite de la rivière Tshanga, en amont de l’estuaire menant ce cours d’eau vers le fleuve Congo, les deux avenues reçoivent non seulement les crues de la dite rivière, mais aussi divers déchets et immondices charriés de plusieurs quartiers en amont. Au-moins deux fois par an, ces avenues ressemblent, littéralement, à des dépotoirs où trône une insalubrité singulière. Cette situation est aggravée par la canalisation de toutes les eaux, coulant dans le large périmètre du marché de la Liberté, vers cette rivière, qui n’a pas été, pour autant, élargie et renforcée en conséquence. Ce drame concerne bien d’autres quartiers de la ville, où, au regard de la prochaine tombée des pluies, les habitants se savent désarmés, ne disposant pas des mécanismes de résilience adaptés.

Développer un plan de contingence 

Le plan d’action communautaire de résilience, pour l’exercice 2014-2015, est sous-tendu par plusieurs activités, allant de la sensibilisation générale aux risques liés à cette catastrophe aux actions de plaidoyer auprès des autorités municipales et urbaines, en passant par le renforcement des outils du système d’alerte précoce et de la communication pour le changement de comportement 

La Bourgmestre de la Commune de Masina, Ernestine Mujinga, étant empêchée, c’est son Adjoint, Claude Makwanza, qui a réceptionné le dossier de Milundu, au cours d’un atelier de restitution des résultats de l’évaluation participative des vulnérabilités et capacités (EPVC) de cette communauté, organisé dans la salle de réunions de la commune de Masina. Le plan d’action communautaire de résilience, pour l’exercice 2014-2015, est sous-tendu par plusieurs activités, allant de la sensibilisation générale sur les risques liés à cette catastrophe aux actions de plaidoyer auprès des autorités municipales et urbaines, en passant par le renforcement des outils du système d’alerte précoce et de la communication pour le changement de comportement. Il est retenu l’organisation de nouvelles sessions de formation sur le genre, la redevabilité, la gestion des conflits et du pouvoir. Il est également prévu, avec le concours d’autres partenaires, comme la commune, l’Hôtel de ville, la Croix-Rouge et les ONG locales, le développement d’un plan de contingence. Des recommandations ont été faites, à divers niveaux, notamment en ce qui concerne « le curage et l’agrandissement de la rivière » ainsi que la prise des sanctions à l’endroit des personnes physiques et morales qui « jettent des immondices ou orientent des tuyaux de vidange des latrines dans la rivière ».

Le chômage et ses dérapages

En plus des inondations, la communauté de Milundu est confrontée, comme bien d’autres à Kinshasa, au problème de chômage, essentiellement celui des jeunes. Cela conduit à certains dérapages, comme le banditisme, la délinquance, la prostitution. Il a été recommandé aux services étatiques municipaux, urbains et nationaux ainsi qu’aux autres partenaires au développement de fournir des appuis appropriés aux activités de formation à l’emploi, en moyens de subsistance et aux activités génératrices de revenu.

Tout cela devrait atténuer les risques liés à l’insécurité urbaine et aux inondations cycliques. La communauté habitant les rues Milundu I et Milundu II est accompagnée par une ONG locale, le Groupe d’encadrement pour le développement intégral (Gedi), membre du Réseau ressources naturelles (Rnn). Deux autres sites (Mozindo, dans la commune de Barumbu et Kindele, dans celle de Mont-Ngafula) sont concernés par le programme « Réduction des risques liés aux catastrophes naturelles et humaines dans la ville de Kinshasa », appuyé par une association internationale, Christian Aid.