Changement climatique : imminente source de crises dans le monde

La communauté internationale s’est fixée comme objectif de maintenir la hausse de la température mondiale à deux degrés d’ici la fin du siècle. Cela, afin de limiter les impacts des émissions des gaz à effets de serre. Vaste chantier dont dépend l’avenir de l’humanité. content__0000_地球村 (3)

Les scientifiques sont formels : pour garder le cap de 2° Celsius, les émissions mondiales des gaz à effets de serre (carbone, méthane, protoxyde d’azote, hyper- fluorocarbures…) doivent être réduites de 40 à 70 % entre 2010 et 2050, et disparaître totalement dans l’atmosphère d’ici à 2100. Cela implique le renoncement aux énergies fossiles, l’amélioration de l’efficacité énergétique, l’arrêt de la déforestation et l’investissement de centaines de milliards de dollars d’ici à 2030. Selon les experts, ce tournant énergétique ne compromettrait pas la croissance mondiale. Des efforts ambitieux visant à réduire les gaz à effet de serre feraient baisser de 0,06 point le taux de croissance mondiale au cours de ce siècle. Cette estimation ne prend pas en compte les bénéfices économiques liés à l’atténuation du changement climatique : infrastructures, agriculture, pêche, santé…

Le changement climatique a, aujourd’hui, des impacts géopolitiques très forts. Maplecroft, une société d’analyse des risques mondiaux basée à Bath, en Grande-Bretagne, vient de publier un rapport qui démontre que les conséquences du changement climatique, un phénomène qui n’est pas nouveau pour notre planète, seront très lourdes dans un certain nombre de pays,  notamment en termes de sécurité alimentaire et de montée des tensions.

Cette institution a élaboré  un atlas 2015 du changement climatique incluant les conséquences prévisibles sur l’environnement et la sécurité alimentaire.

L’aléa moral qui caractérise les décideurs politiques actuels les incite à ignorer ou à politiser la science et la  recherche en préférant des objectifs à court terme. C’est ainsi que le commerce mondial et l’armée considèrent le changement climatique comme un impératif crucial dans la gestion des conflits.  Cette triste réalité n’a pas échappé à Maplecroft, qui fournit des données de risques dans 198 pays à travers 26 thèmes,dont la vulnérabilité au changement climatique et la sécurité alimentaire, les émissions des gaz à effets de serre, les services éco- systémiques, les catastrophes naturelles et la réglementation des conflits.

Ce rapport alarmiste constate une combinaison inquiétante entre le changement climatique et l’insécurité alimentaire qui amplifient les risques des conflits et de rébellions dans 32 pays dont le Bangladesh, l’Éthiopie, l’Inde, le Nigeria et les Philippines. Ces conclusions font écho à celles d’un rapport récent publié par le Pentagone qui identifie le climat comme un multiplicateur de menaces  aggravant les risques de conflits et de troubles à travers le monde. Pour leur part, le Groupe intergouvernemental des experts sur le changement climatique (GIEC) et l’Organisation des Nations unies (ONU), prévoient des baisses de rendement allant jusqu’à 50% pour les produits de base tels que le riz, le blé et le maïs à certains endroits au cours des 35 prochaines années en raison des impacts du changement climatique.

Parmi les pays confrontés au plus haut niveau de risques figurent en tête de liste le Bangladesh, la Sierra Leone, le Soudan du Sud, Haïti, le Tchad et la République centrafricaine. Le Cambodge, l’Inde, le Pakistan sont quant à eux classés dans la catégorie des États à risque en ce qui concerne leur croissance économique.  La démographie est assurément l’un des enjeux majeurs de ce  siècle. Alors qu’un milliard d’êtres humains souffre déjà de la malnutrition, la population mondiale ne cesse de croître : elle atteindra  9 milliards à l’horizon 2050.

La sécheresse, les inondations, les érosions côtières, les cyclones, les typhons, les tremblements de terre, les éruptions  volcaniques engendrés par le  dérèglement climatique tendent à menacer davantage la sécurité mondiale, ceci en partant des écosystèmes à l’alimentation, en passant par la croissance économique.  Ceci porte à croire que l’évaluation de l’impact environnemental sur  la croissance est délicate notamment parce qu’il est multidimensionnel : des émissions des gaz à effets de serre, l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables (pétrole,  gaz et autres), l’épuisement à cause de la  surexploitation des ressources renouvelables ( terres arables, zones de pêche, pollution chimique de l’eau, des sols, de l’air, et la fragilisation des éco- systèmes).

Depuis quelques siècles, la politique de la croissance économique a été fortement soutenue par les nations. Si cette croissance a des mérites, il faut néanmoins savoir qu’elle est à l’origine de plusieurs perturbations enregistrées à ce jour. Le modèle de croissance issu de la révolution industrielle et agricole s’accompagne d’une très grande part de pollution qui constitue,  en particulier, une grave menace à la sécurité financière, alimentaire et sanitaire dans le monde.

Plus les effets du changement climatique s’amplifient et s’étendent à toutes les régions du monde, plus le coût prévu pour l’adaptation continue de grimper. Selon l’ONU, prévenir les dangers liés au changement climatique et s’adapter à ses conséquences pourrait coûter jusqu’à 500 milliards de dollars d’ici à 2050, alors qu’au stade actuel, le Fonds vert de l’ONU pour le climat n’est qu’à 9,3 milliards de dollars. Les discussions sur le climat continuent quant à elles d’être hantées par les disparités entre les pays développés et les pays en voie de développement. En cause, les engagements à prendre pour atténuer les émissions des gaz à effets de serre et la hauteur des contributions destinées à aider les pauvres à lutter contre les impacts du réchauffement climatique.

Après la conférence de Lima, au Pérou,  l’année  dernière, qui s’est soldée par un accord a minima sur le climat, si le sentiment d’urgence pour sauver la planète ne sera pas le  maître mot à la prochaine conférence de Paris, en 2015, en vue d’un accord pour limiter  les effets que charrie le réchauffement planétaire, la température mondiale  atteindra inéluctablement les 4° Celsius d’ci à 2050. Ce qui donnera lieu à des crises dans le monde au regard du chaos qui régnera.